À la fin de l'ancien anglais, le mot þræl désignait un « homme de peine, serf, esclave ; une personne contrainte de servir autrui ». Il proviendrait ou serait apparenté à une source scandinave, semblable à l’ancien norrois þræll, qui signifiait « esclave, serviteur », et, au sens figuré, « misérable, scélérat ». Ce terme pourrait dériver du proto-germanique *thrakhilaz, qui se traduirait littéralement par « coureur » (d’où l’idée d’« assistant »), issu de la racine *threh- signifiant « courir » (à l’origine aussi de l’ancien haut allemand dregil, qui voulait dire « serviteur », au sens propre « coureur » ; ainsi que de l’ancien anglais þrægan et du gothique þragjan, tous deux signifiant « courir »).
En général, ce terme désignait un captif pris lors d’une guerre, qui préférait l’esclavage à la mort, ou un homme libre reconnu coupable de certains crimes et condamné à cette servitude. Dans les deux cas, ce statut était héréditaire. À partir de la fin de l’ancien anglais, il a été élargi pour désigner plus largement une « personne de basse condition », voire un « misérable, un inférieur ». Wycliffe, dans sa traduction de 1382, utilise le terme thrallesse pour parler d’une « esclave ou servante » dans Jérémie 34:16, là où la version King James parle de handmaid (servante).
Le sens « condition de servitude, esclavage » apparaît au début du XIVe siècle. En tant que verbe, vers 1200, thrallen signifiait « priver (quelqu’un, un peuple) de liberté, asservir », dérivant du nom ou de l’ancien norrois, et pouvait aussi signifier « placer sous l’emprise d’un sort ou d’une influence, envoûter ». En tant qu’adjectif, il désignait « une personne réduite à l’esclavage », utilisé à la fin de l’ancien anglais, toujours issu du nom.
À noter : l’hypothèse abandonnée qui tentait de relier ce mot à thrill par l’idée de « celui dont les oreilles auraient été percées comme marque de servitude » est qualifiée de « ridicule en théorie et erronée en fait » [Century Dictionary].