À la fin de l'ancien anglais, on trouve prud, prute, qui signifient « excellent, splendide ; arrogant, hautain, ayant ou chérissant une haute opinion de ses propres mérites ; coupable du péché d’orgueil ». Ces termes proviennent du vieux français prud, forme oblique de l’adjectif prouz, signifiant « brave, valeureux » (11e siècle, en français moderne preux ; à comparer avec prud'homme « homme brave »). Cette origine remonte au latin tardif prode, qui signifie « avantageux, profitable » (source également de l’italien prode « valeureux »), une formation dérivée du latin prodesse, qui veut dire « être utile ».
Ce mot est un composé de pro-, qui signifie « devant, pour, au lieu de » (issu de la racine indo-européenne *per- (1) « en avant », d’où « devant, avant, premier, chef ») et de esse, qui veut dire « être » (provenant de la racine indo-européenne *es- « être »). On peut aussi se référer à pride (nom) et prowess. Selon le dictionnaire Oxford English Dictionary, « le -d- dans prodesse est probablement dû à l’influence de formes comme red-eo-, ‘je reviens’, red-imo- ‘je rachète’, etc. » La forme anglaise ancienne avec -te provient probablement ou a été influencée par pride (ancien anglais pryto).
Le sens « enorgueilli par un acte, un fait ou une chose » apparaît au milieu du 13e siècle. L’idée « d’esprit intrépide ou indomptable » se développe vers 1400, tandis que celle de « ostentatoire, grand, donnant matière à fierté » émerge au milieu du 14e siècle. L’expression do (someone) proud est attestée en 1819. Le nom de famille Proudfoot apparaît vers 1200 (Prudfot). Un terme du moyen anglais pour désigner une personne « ivre et belliqueuse » était pitcher-proud (début du 15e siècle).
Le sens « avoir une haute opinion de soi » n’existe pas en vieux français et pourrait refléter l’opinion des Anglo-Saxons sur les chevaliers normands qui se qualifiaient de proud. En vieux norrois, pruðr, provenant soit de la même source française, soit emprunté à l’ancien anglais, n’avait que le sens « brave, galant, magnifique, majestueux » (à comparer avec l’islandais pruður, le moyen suédois prudh et le moyen danois prud).
De même, un groupe de mots liés à « fierté » dans les langues romanes — comme le français orgueil, l’italien orgoglio et l’espagnol orgullo — provient d’emprunts germaniques, où ils avaient des significations positives (en vieux haut allemand, urgol signifiait « distingué »).
Dans la plupart des langues indo-européennes, le même mot désigne « fier » tant dans son sens positif que négatif, mais dans beaucoup d’entre elles, le sens péjoratif semble être le plus ancien. La manière habituelle de former ce mot consiste en un composé de termes signifiant « trop » ou « haut » et de mots désignant « cœur », « humeur », « pensée » ou « apparence ». On trouve ainsi en grec hyperephanos, littéralement « sur-apparence » ; en gothique, hauhþuhts, littéralement « haute-conscience ». En vieil anglais, on utilisait ofermodig (« humeur trop élevée ») — car « humeur » en anglo-saxon avait une connotation bien plus forte qu’aujourd’hui — et heahheort (« cœur élevé »).
Les mots désignant « fier » dans d’autres langues indo-européennes évoquent parfois une image physique de gonflement ou de puffissement. C’est le cas du gallois balch, probablement issu d’une racine signifiant « gonfler », et du grec moderne kamari, dérivé du grec ancien kamarou, qui signifie « doter d’une voûte ou d’une couverture arquée », avec une évolution sémantique passant par « former une arche », puis « gonfler la poitrine », pour aboutir à « être enflé » (à comparer avec l’argot anglais chesty).