En vieil anglais, le verbe lætan (dans le dialecte nordumbrian, leta) signifie « permettre », « laisser derrière soi », « s’éloigner de », « ne pas accomplir », ou encore « léguer ». Il pouvait aussi désigner l’action de « louer » ou de « mettre en location » (c’est un verbe fort de la septième classe, avec un passé let ou leort et un participe passé gelæten). Ce verbe provient du proto-germanique *letan, qui a donné naissance à des termes similaires en vieil saxon (latan), en vieux frison (leta), en néerlandais (laten), en vieux haut allemand (lazan), en allemand moderne (lassen), et en gothique (letan), tous signifiant « laisser » ou « permettre ». L’étymologie remonte à la racine indo-européenne *led-, qui est une forme étendue de *lē-, signifiant « relâcher » ou « laisser aller ». Si cette origine est correcte, on pourrait interpréter le sens étymologique comme « laisser aller par lassitude ou négligence ».
L’idée de relâchement est au cœur des deux significations du terme. Lorsque nous parlons de laisser quelqu’un faire quelque chose, nous l’imaginons comme étant retenu par une sorte de lien, dont le relâchement permettra l’accomplissement de l’action envisagée. ... Parfois, c’est l’agent lui-même qui est perçu comme relâché, lorsque let prend le sens de « agir avec lenteur », « retarder » ou « omettre d’agir ». [Hensleigh Wedgwood, "A Dictionary of English Etymology," 1859]
Wedgwood souligne des évolutions similaires dans d’autres langues, comme le français laisser, dérivé du latin laxare (« relâcher »), ou l’allemand lassen (« permettre, laisser faire »), issu du dialectal lass, signifiant « lâche » ou « relâché ».
Concernant le mot let en anglais, la simplification de la voyelle de la racine n’a pas encore trouvé d’explication satisfaisante [OED]. Dans le contexte de la « sang », il apparaît à la fin du vieil anglais. D’autres significations en vieil et moyen anglais incluent « considérer comme », « se comporter envers », « laisser échapper », ou encore « faire semblant de ». Des expressions comme let (someone) know (« faire savoir à quelqu’un ») et let fly (pour désigner le tir d’une flèche, par exemple) conservent un sens ancien de « provoquer » ou « faire action de ».
L’expression let (someone) off, signifiant « laisser quelqu’un échapper à une punition » ou « excuser quelqu’un d’un service », date de 1814. Quant à let on, elle apparaît en 1725 avec le sens de « révéler quelque chose » ou « trahir sa connaissance de quelque chose », puis en 1822 pour signifier « faire semblant » (le dictionnaire OED note une utilisation similaire dans l’expression never let it on him, tirée d’une lettre de 1637). L’expression let out est attestée à la fin du XIIe siècle pour signifier « laisser partir » (dans un sens transitif). Son utilisation intransitive, pour désigner la fin d’une activité (écoles, réunions, etc.), remonte à 1888 et est considérée par le Century Dictionary (1895) comme « rurale, américaine ». Pour parler de vêtements, cette expression apparaît à la fin du XIVe siècle.
La locution Let alone, qui signifie « s’abstenir d’interférer », est présente en vieil anglais. L’expression signifiant « sans parler de » ou « sans mentionner » émerge en 1812. L’idée de let (something) be (« laisser quelque chose tranquille ») date d’environ 1300, tandis que let it be (« laissez passer, laissez tranquille ») apparaît au début du XIVe siècle. L’expression let go est utilisée vers 1300 pour signifier « laisser échapper », puis dans les années 1520 pour « cesser de retenir » et dans les années 1530 pour « oublier ». La formule Let it go (« laissez tomber, peu importe ») est déjà présente dans le « Conte de la femme du meunier » de Chaucer : « Mais hélas, l’âge m’a volé ma beauté. Qu’il en soit ainsi, adieu, que le diable l’emporte ! » [vers 1395]. L’expression Let me see (« montrez-moi ») date d’environ 1300.